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la révolution française. Les abus des corporations, des douanes, des corvées des mesures fiscales étaient signalés par eux avec une persévérance infatigable ; et dans leur ardeur de conquètes scientifiques, ils soulevaient en passant les plus hautes questions sociales. Leurs erreurs mêmes étaient utiles, et leurs pressentiments les plus vagues semblent toujours avoir quelque chose de prophétique, « Modérez votre enthousiasme, s’écriait Mercier de La Rivière aveugles admirateurs des faux produits de l’industrie ! avant de crier miracle, ouvrez les yeux et voyez combien sont pauvres, du moins malaisés, ces mêmes ouvriers qui ont l’art de changer vingt sous en une valeur de mille écus au profit de qui passe donc cette multiplication énorme de valeurs ? Quoi ! ceux par les mains desquels elle s’opère, ne connaissent pas l’aisance ! ah ! défiez-vous de ce contraste ! [1] » Mercier n’attribuait sans doute les misères de l’industrie qu’â la détresse de l’agriculture et à l’insuffisance du produit net ; mais quoiqu’il se trompât sur les causes, il signalait très bien les effets et le constraste dont il recommandait de se défier, renfermait le problème que l’époque actuelle n’est pas encore parvenue à résoudre.

« Adam Smith n’a rien écrit de plus net et de plus vigoureux que les belles démonstrations des Économistes en faveur de la liberté du commerce. Ces idées de fraternité générale parmi les nations,

  1. Ordre naturel et essentiel, tome II, page 407.