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en donnerai, dont au moins je suis en mesure de répondre.

Laissons les chiffres de côté. Votre gouvernement s’est aperçu que l’or jouissait d’un agio qui réduit ce métal à l’état presque absolu de marchandise et qui le fait affluer dans les caisses des changeurs, pour être vendu par eux avec profit. C’est afin de les maintenir dans la circulation qu’il veut refondre les espèces d’or, en leur donnant un poids qui rétablisse l’équilibre entre le poids légal de l’or et celui de l’argent. En un mot, votre gouvernement veut que 1 000 francs en or qui s’échangent aujourd’hui contre 1 012 ou 1 013 fr. en argent puissent être désormais échangés prix pour prix ; et pour y parvenir, il propose de diminuer le poids des pièces d’or d’une valeur de 12 à 13 francs par mille, c’est-à-dire d’une somme égale à l’agio qui subsiste depuis plusieurs années.

J’ai soutenu qu’une telle mesure n’aurait pas les résultats qu’on paraît s’en promettre. En effet, Monsieur, il ne peut y avoir, en monnaie, qu’un étalon sur lequel viennent se mesurer toutes les autres valeurs. La France et la Belgique ont adopté la monnaie d’argent comme étalon de préférence à la monnaie d’or, parce que l’argent sort moins rarement du pays pour solder des créances à l’étranger, et que d’ailleurs sa pesanteur le rend moins mobile que l’or. La valeur de l’or relativement à l’argent varie suivant l’abondance ou la rareté des demandes. En France cette valeur est cotée à la bourse, parce que l’or monnayé n’est pas autre chose qu’un lingot divisé et ayant un