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conduite une cruauté que la nature punit en vous rendant témoin des souffrances et du péril imminent que courent les enfants auxquels vous avez donné le jour. — Si on lui objectait que le célibat n’empêchait pas les enfants de naitre, il répondait : — Je m’adresse d’abord à vos sentiments, et si vous n’écoutez pas les conseils de la prudence et de la raison, je dirai alors au gouvernement que plus il ouvrira d’asiles pour les enfants trouvés et les malheureux, et plus il verra s’accroître les enfants trouvés et les malheureux ; et que s’il ne donnait pas une prime aux filles mères, il y aurait plus de continence. Les secours publics sont autant d’encouragements à la débauche et à la paresse ; ils affranchissent l'homme du souci de la prévoyance, en lui assurant une existence souvent supérieure à celle qu’il se procurait avec son travail. Quant à ceux qui se marient sans ressources, ils seront atteints par la misère, ils n’auront que des enfants rachitiques, et puisque les gouvernements ne font pas leur devoir, c’est à la nature à faire le sien.

Telle est, en général et d’une manière sommaire, la doctrine de Malthus. Elle a quelque chose de si impitoyable, qu’il est impossible de songer à l’appliquer. Qui pourrait, en effet, avoir la cruauté de punir des enfants pour les fautes de leurs pères ? Disons plutôt avec Godwin, adversaire de Malthus, que ce serait une coupable raillerie que de leur dire : Si vous mourrez, tant pis pour vous, on a prévenu vos pères.

La doctrine de Malthus ne pouvait donc pas être