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elle monte enfin à 50 fr. sur les sucres d’Amérique, et on en établit une de 40 à 45 fr., sur les sucres de l’Inde, malgré les justes réclamations de notre marine et de notre commerce d’exportation.

De ce moment nos colonies eurent le monopole de l’approvisionnement, qui montait alors à 60 millions de kilog. Mais ce n’était pas encore assez pour nos planteurs qui avaient relevé leurs prix de 126 fr. à 166 fr. et même 212 fr. le quintal métrique (dr. acq.); ils demandèrent et obtinrent que les consommateurs français leur payassent une prime qui compensât la différence des frais de production aux Antilles Françaises et Anglaises, et leur permit de vendre en concurrence sur les marchés étrangers ; de telle sorte que les sucres de nos colonies qui se payaient chez nous depuis 20 jusqu’à 24 sous la livre, ne valaient que 12 à 14 sous en Italie !

Jusqu’en 1828, le marché français fut ainsi livré à la merci des colons, qui le fournissaient exclusivement et produisaient alternativement des hausses et des baisses de prix sans causes raisonnables. Mais à cette époque les cours prirent une marche plus régulière, et sauf quelques, très légers et très rares mouvements de hausse, les prix allèrent constamment en décroissant. Quelle puissance était donc venu poser ainsi un frein aux prétentions exagérées des planteurs et arracher les consommateurs métropolitains à leur avidité ? La concurrence étrangère avait-elle été admise de nouveau à régulariser les cours ? Les chambres avaient-elles enfin reconnu leur erreur,