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cachemire français à plusieurs couleurs, rendu très épais par le grand nombre de fils qui restent sans emploi à l’envers, est découpé au moyen d’une tondeuse mécanique sans que cette opération nuise à sa solidité : c’est celui qu’on appelle quelquefois châle broché. Le cachemire de l’Inde parisien n’est pas coupé, et, comme son nom l’indique, il ressemble au cachemire de l’Inde, auquel il est de beaucoup supérieur. On ne fait qu’une très-petite quantité de ces châles, car il suffit que les femmes apprennent qu’ils sortent d’une fabrique française pour qu’elles ne veuillent plus en entendre parler.

Depuis long-temps une discussion tout-à-fait artistique s’est engagée à propos du dessin des châles brochés ; les uns voudraient qu’au lieu d’imiter les interminables serpents, et les énormes rosaces des châles de l’Inde, plus ou moins bien combinés, on se mît à imiter les fleurs naturelles ; d’autres tiennent au dessin oriental et pensent que ce genre seul a de la richesse. Cette opinion domine en ce moment, et les dessinateurs les plus inventifs se bornent à marier des motifs dont ils trouvent les originaux dans les châles indiens. Je ne me prononcerai par sur cette question ; mais, bien que les premiers essais de M. Rey aient été infructueux, il ne faut jurer de rien ; qu’y a-t-il de stable avec la mode et ses caprices ?

La tire et le jacquart, avec lesquels on fait la plupart des châles français, sont les seuls métiers sur lesquels j’appellerai votre attention, parce