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Ces châles nous arrivaient, à cette époque, par Bordeaux, Marseille et Strasbourg ; mais aujourd’hui c’est de Bombay, de Surate et de Calcutta, par la voie de Londres, que nous tirons presque exclusivement ceux que l’on consomme en France. On ne sait pas au juste quel est le métier des Indiens, mais on suppose qu’il a beaucoup d’analogie avec celui que nous appelons tire. Presque toujours les châles de l’Inde, que nos dames sont fières de mettre sur leurs épaules, ont été portés, et les couleurs ont souffert ; dans ce cas, des pinceauteuses les ravivent et les repeignent, sans que les femmes y trouvent à redire. Mais il y a mieux, non-seulement les châles de l’Inde sont vieux, sales et rapés, mais encore ils sont rapetacés, ou, en d’autres termes, composés de plusieurs morceaux exécutés par des ouvriers séparés.

Le cachemire français n’a aucun de ces inconvénients ; il est neuf, moelleux, à couleurs neuves et de bon goût, en une seule pièce et de plus, à bon marché. Par un inconcevable caprice, c’est justement la réunion de toutes ces qualités qui fait que nos dames dédaignent le cachemire français ou tout au moins les relèguent au second rang.

Ce châle est fait au lancé comme la toile sur un métier nommé tire, ou sur le métier appelé Jacquart, et dont Vaucanson eut la première idée. Le cachemire de l’Inde fait à Paris est brodé par un travail analogue à celui de la dentelle, et que l’on nomme espoulinage à cause des espoulins ou petites navettes dont les ouvriers se servent. Le