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tion qui caractérise nos façonnés ; Manchester marche de pair avec Lyon pour les unis. Quelle terrible concurrence ! Et qui nous dit que dans cinquante ans ils ne nous auront pas pris notre goût et notre originalité pour les façonnés ; n’y a-t-il pas des fabriques entières peuplées d’ouvriers lyonnais, et le visiteur continental ne se trouve-t-il pas en pays de connaissance quand il est admis dans certaines manufactures de soies ? Prenons-y garde, ce sont là des symptômes déplorables. Au reste, c’est notre faute ; quel soin prenons-nous des classes ouvrières ; que fesons-nous pour leur bien-être ? rien, moins que rien ; car nous les empêchons de vivre de leur travail ; et quand elles nous quittent, elles obéissent à la loi naturelle. Ubi bène, patria !…

Si nous passons en Suisse, quelles causes de prospérité trouvons-nous que nous ne puissions nationaliser chez nous : l’abaissement des droits d’octroi, la centralisation des fabriques entraînant avec elles le bon marché des vivres et du loyer, et par contre la suffisance des salaires. Ces questions sont claires ; la théorie n’a plus rien à faire, et la pratique doit se mettre à l’œuvre. Chez nous encore, le fabricant, intermédiaire inutile entre le commerçant et l’ouvrier, prélève son profit sur le salaire de ce dernier, déjà décimé par l’octroi et la location de son habitation ; tandis qu’en Suisse l’ouvrier ayant moins de chefs à soutenir peut produire à meilleur marché, et les tissus qui sortent de ses mains peuvent lutter avec avantage sur les marchés étrangers. Ensuite, il faut l’avouer,