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penser ; or, pour cela il faudra qu’il s’instruise, qu’il étudie, qu’il sorte enfin de la condition humiliante de machine aveugle qu’il remplit aujourd’hui : la cause de la civilisation, les progrès des lumières, marcheront alors de front avec les développements et la prospérité de l’industrie.

En France, la conversion en étoffes des 34 millions de kilog. de filés, produits annuellement, emploie 270 mille métiers occupant 325 mille ouvriers qui ne travaillent qu’une partie de l’année ; leur salaire est, en moyenne, de 75 c. par jour. Cette industrie a résolu le problème difficile d’utiliser des forces jusqu’ici stériles : les femmes et les enfants. C’est là un grand avantage, et il est bien de mettre chaque membre de la famille à même de contribuer à ses charges et de soulager son chef d’une partie de sa tâche ; mais pour que cet emploi des enfants soit toujours un avantage et ne devienne pas un abus, il est nécessaire de le contenir dans de justes bornes ; il ne faut pas comme dans la filature, que les devoirs industriels les enlèvent aux leçons de l’instituteur primaire ; il ne faut pas surtout les soumettre à un travail exténuant de 14 heures par jour, qui les étiole et les épuise avant l’âge.

Les progrès de l’industrie du tissage ont été subordonnés à ceux de la filature ; elle pourra lutter avec succès toutes les fois qu’elle aura des filés égaux en qualité et en prix, à ceux de ses concurrents. Les ouvriers tisserands, ordinairement disséminés dans les villages, travaillent en famille et n’ont aucun frais généraux ; aussi, ga-