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change, les billets de banque, le papier-monnaie en porte-feuille ; de ce capital en vertu duquel la France, sans une commune de plus qu’il y a 25 ans, a vu le chiffre de sa population s’accroître de neuf millions d’hommes, et le sort de tous ses habitants s’améliorer d’une manière notable dans le même espace de temps, aussi bien sous le rapport matériel que sous le rapport intellectuel.

Bien que nous n’ayons ni plus d’air, ni plus d’eau, ni plus d’arbres qu’il y a vingt ans, notre supériorité, notre prépondérance se sont accrues ; rien chez nous n’a augmenté hormis notre valeur collective. En France aujourd’hui, on apprend de toutes parts, les amphithéâtres sont constamment remplis et les écoles sont insuffisantes. À ces grandes banques de l’intelligence, tout le vieux monde vient escompter son papier, et chacun veut se faire ouvrir un crédit dans nos nombreux dépôts de connaissances universelles : voilà, messieurs, ce qui constitue ce que j’ai appelé tout à l’heure le capital moral d’une nation, c’est celui-là surtout qui s’accroît chez nous d’une manière remarquable.

À richesse métallique égale, le capital moral l’emporte. Voyez l’Amérique du sud avec son climat béni du ciel où tout respire la fécondité, la chaleur et la vie ; et où tout végète, languit et meurt : le capital moral manque dans ce pays ! Voyez encore l’Espagne, dont les habitants n’ont su retrouver un instant d’énergie que pour s’entre-détruire, et qui n’en ont pas assez pour terminer la guerre civile. Je vous ai déjà entretenu plusieurs fois de l’état misérable de ce pays avant