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CHANTS ET PENSÉES.


LE DESTIN



SONNET


Quand le Destin étendit sur ma tête
Le ciel de plomb, plein d’ombre et de tempête,
Qui m’enveloppe et ne s’éclaircit pas,
Et d’où la foudre éclate avec fracas ;

« À tous les maux, me dit-il, tiens-toi prête,
Car ma loi fauche et jamais ne s’arrête ;
Tu m’es acquise : en vain tu te débats,
Mes nœuds de fer entraîneront tes pas.

Rêve après rêve, ivresse après ivresse,
Enthousiasme, illusion, jeunesse,
Il faut tout fuir, il faut tout arracher.

En vain ton cœur crie : Amour et Génie !
Je suis la Faim et je suis l’Ironie :
Roule où la mort t’ira bientôt chercher ! »