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POÉSIES DIVERSES.

Si trop lourd est le poids en ton âme orageuse,
Va par les sentiers verts, par la vallée ombreuse :
Là tu pourras être homme et défaillir en paix.


RÉPONSE



Ne vous contraignez pas, laissez-moi ma tristesse,
Chantez joyeusement et sans vous attendrir ;
Vous dont l’âme est sereine, ô vous que rien n’oppresse,
Ne nous arrêtez pas à qui semble souffrir.
Pour aller parmi vous je suis trop peu des vôtres,
Ma place est un coin noir, j’y reste et m’y conviens ;
Mon deuil ferait une ombre à la gaieté des autres,
Vous marchez en avant, et moi je m’en reviens.
Je sais le dernier mot des choses de ce monde,
Le soleil s’est pour moi couché depuis longtemps,
Et mon cœur est tombé dans une nuit profonde :
Mon hiver ne veut point glacer votre printemps ;
Brillez ! et laissez-moi m’éteindre : il en est temps !