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Les Clubs.

qui est un des traits saillants de cette époque. Il y eut le club des Dames qui, chaque vendredi, donnait un concert, et qui publiait les Événements du jour, par une société de citoyennes[1]. Il y eut le club des Indigents, fondé par Prudhomme, et surnommé, par les journaux royalistes, le club des Bonnets de laine[2]. Il y eut le club des Fédérés, il y eut le club des Noirs, il y eut le club des Domestiques. Il s’établit, au Marais, un club qui tenait ses séances dans une ancienne écurie du cardinal de Rohan et que présidait, assis sur un coffre d’avoine, un palefrenier[3].

Il va sans dire que les feuilles royalistes et aristocratiques ne tarissaient pas de plaisanteries sur ces assemblées « où, disaient-elles, on prêchait les droits de l’homme à de petits polissons couchés dans des râteliers[4], » sur ces congrès où, à les entendre, on n’était admis « qu’à la condition de n’avoir ni feu ni lieu et de marcher pieds nus[5]; » sur ces sociétés fraternelles où figuraient côte à côte «la femme de l’honnête artisan, la bourgeoise caillette et la marchande de poisson.» Un pamphlet périodique, intitulé Jean Bart, et qui professait, dans un langage obscène, des opinions mixtes, s’élevait en ces termes contre la manie du clubisme :

«On ne parle plus maintenant que clubs, qu’assemblées, que tripots patriotiques. Eh ! je me f…s bien, ventre mille dieux ! de tout ce sacré patriotisme à la toise… Je rencontre partout des babillards, des motionnaires, des motionneux, et, au milieu de ce gâchis, il n’y a pas encore assez de Français. Et puis, admirez la contradiction ! la France se soulève contre l’esprit de parti ; elle sait combien les marchands de bons Dieux ont été nuisibles à son bonheur ; elle supprime les moines ! Eh bien, j’entre dans une société où je

  1. Deschiens ne paraît pas avoir connu ce journal, puisqu’il ne le cite pas dans sa bibliographie des journaux de la révolution.
  2. Voy. le Contre-poison, n° 10.
  3. Sabbats jacobites, 5e sabbat.
  4. Ibid.
  5. Le Contrepoison, n« 10.