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Histoire de la Révolution.


ner, toujours très-somptueux, on s’étalait sur les balcons, on se plaisait à respirer l’encens de la faveur populaire mêlé à l’air embaumé du soir dans les jardins. Et pendant ce temps, pressés dans leur noir couvent de la rue Saint-Honoré, les Jacobins purs, les vrais Jacobins, s’occupaient, à la lueur de quelques tristes flambeaux, des moyens de pousser la révolution en avant.

Ce n’était pas évidemment au club nouveau qu’un semblable contraste pouvait profiter. La popularité s’use vite, mais combien plus vite quand elle n’est que de la curiosité ! La foule que, pendant quelques jours, les clubistes attirèrent sous les fenêtres de leurs salons étincelants, put satisfaire leur vanité, mais elle ne servit pas leur puissance ; et tandis que les dames de la Halle allaient au club de 80 complimenter le bon Bailly, et le brave la Fayette, et le Breton le Chapelier, si digne d’être Parisien, et enfin, notre comte de Mirabeau, tout ce qu’il y avait de sérieux dans le peuple stationnait aux portes de la vieille salle jacobine, attendant les oracles qui sortiraient de cet antre des sibylles.

Et cet instinct du peuple ne le trompait pas. Car, peu de temps après leur fastueuse installation, on vit ceux des clubistes de 89 qui faisaient partie de l’Assemblée, voter avec les noirs dans plusieurs circonstances graves, et, par leurs alliances capricieuses avec le côté droit, fournir plus d’une fois à la contrerévolution un triomphe inespéré 1 .

Il faut bien croire aussi qu’à tout leur étalage de luxe, les schismatiques du Palais-Royal joignaient beaucoup de corruption, puisque Sieyès, un des leurs pourtant, leur dit un jour, dans un accès de vertueuse brutalité : « A l’exception de deux ou trois Jacobins que j’ai en horreur, j’aime tous les membres de cette société, et à l’exception d’une douzaine de mem-Vovcz ce que dit à cet égard Camille Desmoulins, dans le n° 41 de son journal, — Loustalot, quelques jours avant sa mort, exhalait la même plainte, dans les Révolutions de Paris.