Page:Blanc - Histoire de la révolution française, 1878, tome 6.djvu/111

Cette page n’a pas encore été corrigée
99
Histoire de la Révolution.


son tour. Le gros Mirabeau tira ses pistolets 1 . » Bref, pour empêcher les choses de tourner au tragique, il ne fallut pas moins qu’une interdiction formelle de la police au Club français de continuer ses séances.

C’est ainsi que les Jacobins allaient à exercer, sur la place publique, un pouvoir sans contre-poids. Mais eux-mêmes, ils se divisèrent. Les hommes qui, comme la Fayette, Railly, le Chapelier, Sieyès, la Rochefoucauld, voulaient une constitution monarchique, un régime bourgeois, et rien de plus, ne tardèrent pas à s’inquiéter des paroles hardies qui s’échappaient des lèvres de Pétion, d’Antoine, de Salle, de Dumetz ; ils aperçurent tout à coup, ainsi qu’un fantôme qui s’allonge dans l’ombre, une figure grandie... celle de Robespierre, de Robespierre laissant déjà deviner dans les plis de son front d’étranges pensées, et la peur les prit. Ce n’étaient pourtant encore, dans les premiers mois de 1790, ni Pétion, ni Robespierre, qui primaient, aux Jacobins : les dominateurs du moment, les meneurs souverains, c’étaient les deux Lameth, c’était le grave Duport, c’était le brillant Barnave. Mais, même en de telles mains, un sceptre, et celui-là était plus réel que l’autre !... blessait les regards de Sieyès et de Mirabeau, esprit orgueilleux. Uu schisme était donc inévitable : il éclata au mois d’avril 1790. Le 12, les schismatiques « vinrent s’installer pompeusement, raconte Ferrières, dans un superbe appartement du Palais-Royal, avec tout le fracas propre à attirer et à frapper la multitude 2 . » Rien ne manquait au Cluh, de 89 de ce qui pouvait lui donner de l’éclat ; il compta dans son sein d’opulents financiers ; il fit, parmi le* académiciens et les philosophes, d’aimables recrues ; il put écrire dans son livre d’or les noms de Condorcet et de Clavière, de Marmontel et de Chamfort. Là, bientôt, les fleurs, la musique, les vins exquis, furent sommés de rendre la politique charmante. Après le dî-L’Observateur, n° 122. ff ^

» Voyez ses Mémoires, t. II, liv. VII, p. 123. I pipi IOTHFCA / °£taviens*^K