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légitimement que tous ceux qui ont occupé depuis lui les Tuileries, Napoléon, sacré par un pape, et porté au trône par les suffrages volontaires de six millions de Français, est mort à Sainte-Hélène victime de l’assassinat le plus longuement et le plus horriblement consommé qui ait jamais été subi par une créature vivante, dans les temps anciens et modernes ; et toutes les têtes couronnées du monde ont été complices de ce régicide. »

Le dimanche 10 juillet, dans l’après-midi, Alibaud reçut, en présence du directeur de la prison, M. Valette, et du chef de la police municipale, M. Joly, la visite de son défenseur. Il commença par lui témoigner avec effusion sa reconnaissance, il le chargea de remercier vivement de sa part les témoins qui avaient protégé son honneur, et, entre autres, MM. Léon Fraisse, Bothrel, Wattelier, Lespinasse. Il paraissait aussi très-touché de la manière dont M. Cauchy, greffier de la cour, lui avait notifié l’arrêt de mort. « Remerciez-le bien en mon nom, dit-il à M. Charles Ledru. Quelle voix bienveillante et douce ! Je souffrais pour cet excellent homme, qui n’osait pas me dire de quoi il était question. » Il raconta ensuite qu’au moment où on l’entraînait hors de la salle d’audience une dame lui avait serré la main, au passage, d’un air affectueux et attristé. « Ce moment-là m’a bien vengé, ajouta-t-il, des invectives de M. Martin (du Nord). » Au souvenir de son père, l’attendrissement le gagna, et il quitta son défenseur, qu’il ne devait plus revoir.

N’ayant pu obtenir d’Alibaud qu’il se pourvût en