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la plèbe des rois, les soucis paternels ayant dédoublé son génie.

Il n’y a pas lieu de s’étonner qu’un prince d’un esprit sans étendue ait plié sous des préoccupations semblables, d’autant qu’il y était encouragé par l’attitude de la bourgeoisie.

On croit assez généralement, en Europe, que c’est par Louis-Philippe que la révolution a été muselée, et que son habileté personnelle a fait la situation présente. Qu’on le lui impute à blâme ou à louange, c’est une erreur. Le roi a montré des qualités d’un ordre secondaire. On citerait difficilement dans le passé un prince qui ait été plus complètement dépourvu d’initiative et qui, s’étant beaucoup mêlé aux affaires, les ait moins marquées de son empreinte.

C’est le propre des hommes d’État supérieurs de donner du mouvement aux choses, d’ennoblir chaque situation, au risque d’en faire sortir pour eux-mêmes des obstacles et des périls. Sans oublier de se régler sur l’heure, les grands hommes fécondent le présent ; ils élèvent l’histoire. Rien de pareil n’a été accompli en France, de nos jours. On a fait honneur à Louis-Philippe de ce qui n’était qu’un résultat certain de la puissance des intérêts bourgeois, mal réglés et mal compris.

Satisfaite de son lot, la bourgeoisie ne voulait point que des souffrances qui n’étaient pas les siennes lui fussent révélées par le bruit du tambour d’alarme : de là le système de l’ordre défini par le silence du malheur et défendu à coups de canon.

Aveuglée par de mesquines préoccupations de