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quatre Puissances liguées, elle désira que le sultan intervînt dans le traité à conclure et que jusqu’à l’arrivée d’un plénipotentiaire turc les négociations demeurassent suspendues.

Cependant, l’année 1840 venait de s’ouvrir ; les Chambres françaises s’étaient rassemblées, et l’on portait de nouveau devant elles le débat de l’Europe entière. La discussion fut brillante et vive, mais elle ressuscita sans la rajeunir une lutte que nous avons déjà décrite. On y combattit pour ou contre des systèmes connus au moyen de considérations épuisées. Seul M. Thiers y prononça un discours de nature à modifier le mouvement des choses. M. Thiers n’était pas précisément contraire à Méhémet-Ali ; mais il lui déplaisait de le rencontrer sur le chemin de l’alliance anglaise. Quelque avantage qu’il vît à le soutenir, le profit lui en paraissait moindre que le péril. D’autre part, l’opinion, en France, s’était partout déclarée en faveur du pacha d’Égypte avec un élan qui tenait de l’enthousiasme ; et M. Thiers était depuis quelque temps fort soigneux de sa popularité. De là son discours, qui était à double entente. Qu’on dût venir en aide au vice-roi, qu’on dût lui conserver ce que lui avaient acquis ses travaux et la victoire, M. Thiers ne le niait pas. Il analysait même en termes pleins de justesse et d’éclat les diverses fautes commises par les ministres il en déplorait la source ; il indiquait les moyens propres, suivant lui, à en prévenir les conséquences. Mais ensuite, abordant la question de l’alliance anglaise, « Je suis, je l’avoue, dit-il, partisan de l’alliance anglaise, partisan comme un homme qui n’ou-