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directement Constantinople, et délivraient l’Angleterre du souci de la protection directe. Qu’arriva-t-il ? C’est que le cabinet de St-James, une fois rassuré relativement à la question de Constantinople, reporta toutes ses préoccupations sur celle d’Alexandrie. Profitant de l’imprudence avec laquelle les ministres français faisaient dépendre la première de la seconde, lord Palmerston ne manqua pas de représenter à l’Europe, en s’appuyant sur les actes du gouvernement français lui-même, que jamais Constantinople ne serait en sûreté et l’Europe en repos tant qu’on abandonnerait à Méhémet-Ali la faculté de tout compromettre en franchissant le Taurus, tant qu’on lui permettrait de tenir la clef militaire de la Turquie asiatique, tant qu’on exposerait aux convoitises de son ambition Bagdad du côté du midi, Diarbékir et Erzéroum du côté de l’est, Koniah, Brousse et Constantinople du côté du nord. Déjà, dans une dépêche adressée le 28 juin (1839)[1], à lord Beauvale, ambassadeur anglais à Vienne, lord Palmerston s’était expliqué fort clairement sur la nécessité, suivant lui, européenne, de chasser de Syrie le pacha d’Egypte. On comprend quelles armes le gouvernement français fournissait à la politique anglaise, lorsqu’au lieu de séparer la question russe de la question égyptienne, il semblait les regarder comme tout-à-fait connexes ; lorsqu’au lieu de couvrir directement Constantinople, il envoyait M. Caillé à Ibrahim pour lui demander, au nom de l’équilibre européen, de n’entamer dans aucun cas l’Asie-Mineure. N’était-ce pas

  1. Correspondence relative to the Levant.