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français éclata d’une manière terrible. Le voile était tombé.

Donc, les deux armées ennemies se mesuraient déjà des yeux et étaient à la veille de s’entre-choquer, lorsqu’en France le ministère du 12 mai prit la direction des affaires. Le passage de l’Euphrate, connu à Paris, indiquait assez combien la situation était pressante : sur l’ordre du maréchal Soult, deux de ses aides-de-camp, MM. Foltz et Caillé, partirent aussitôt : l’un pour le camp de Hafiz, en passant par Constantinople ; l’autre pour celui d’Ibrahim, en passant par Alexandrie.

Ici commence, en Europe, une campagne diplomatique dont il importe de bien saisir les phases diverses.

Et d’abord quelle aurait dû être la conduite du gouvernement français ?

La question qui se présentait à lui était double orientale, puisqu’il s’agissait de déterminer les positions respectives de Mahmoud et de Méhémet-Ali ; européenne, puisqu’on cas de conflit, le traité d’Unkiar-Skelessi autorisait les Russes à couvrir Constantinople.

Or, sur le terrain oriental et vis-à-vis des grandes Puissances, la France était très-faible ; car elle avait contre elle la Russie, qui abhorrait dans Méhémet-Ali un régénérateur promis à l’empire ottoman ; la Prusse qui suivait la Russie ; l’Autriche, qui poursuivait dans Méhémet-AIi le principe révolutionnaire ; l’Angleterre enfin, qui, pour promener librement son commerce indien à travers la Syrie et l’Égypte, brûlait de détruire le vice-roi,