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contenance stoïque. Il ne s’élevait contre lui d’autres charges que les révélations d’un de ses co-accusés, Nouguès, qui, le croyant mort, l’avait signalé. Ayant reconnu son erreur, Nouguès fit, pour en réparer les suites, des efforts touchants mais stériles : il était trop tard.

Parmi les accusés, il y en avait un, Noël Martin sur qui son extrême jeunesse appelait un intérêt particulier. Véritable enfant de Paris, insouciant et brave, l’occasion de jouer aux combats l’avait séduit, et l’émeute l’avait recruté chemin faisant. Son attitude devant la Cour des pairs fut à la fois audacieuse et naïve.

On remarquait aussi sur le banc des accusés un jeune homme aux longs cheveux blonds flottants, nommé Austen. Ainsi que Barbès, Martin Bernard et leurs compagnons, il avait fait dans la journée du 12 mai tout ce qu’il fallait pour y laisser la vie ; mais la mort semblait n’avoir pas voulu de lui. Voici quelle fut à son sujet la déposition de M. Tisserand, officier de la garde municipale :

« Le 12 mai, vers quatre heures, on vint nous prévenir que des désordres avaient lieu dans la rue Bourg-l’Abbé. Des détachements se dirigèrent sur le lieu du désordre. Quelques instants après, on vint encore nous prévenir que les désordres augmentaient ; on envoya de nouveaux détachements. Vers quatre heures et demie, on nous annonça que les insurgés étaient fort nombreux, et qu’ils menaçaient la mairie du 6e arrondissement. Je reçus ordre de M. le capitaine Lallemand de me porter immédiatement vers