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nant est atteint d’une blessure mortelle. Aussitôt les insurgés se portent en avant, attaquent le poste par une vive fusillade et l’enlèvent au milieu du sang versé. Mais, dans l’Intervalle, la préfecture de police avait eu le temps d’armer ses défenseurs. Réduite à un trop petit nombre de combattants pour tenter sur la préfecture une attaque sérieuse, et avertie d’ailleurs, par les coups de fusil, qu’un détachement d’insurgés venait de gagner la place du Châtelet, la colonne de Barbès et de Meillard courut rejoindre sur ce point celle dont faisaient partie Guignot, Martin Bernard, Nétré et Blanqui. Beaucoup déjà s’étaient dispersés. Réunies, les deux colonnes formaient une troupe trop faible pour occuper la place publique. Il ne restait donc plus aux insurgés qu’à s’enfoncer dans les rues étroites et populeuses, en achevant de s’armer par l’enlèvement successif des postes qu’ils trouveraient sur leur passage. Conformément à cette résolution désespérée, ils se dirigèrent d’abord sur l’hôtel-de-ville, qu’ils occupèrent et où Barbès lut la proclamation d’une voix ferme. Ils se précipitèrent ensuite vers la place St-Jean, dont une attaque meurtrière leur livra le poste. De là à la mairie du 7e arrondissement la distance est courte : ils la franchirent au pas de course. Ils espéraient trouver des armes : espoir qui bien vite se dissipa, ne leur laissant que le regret d’une tentative inutile.

Cependant la ville se remplissait de soldats. Le peuple s’était ému et ne s’était pas agité. Cinq ans plus tôt, les trois cents soldats d’une aussi impétueuse et soudaine révolte rencontraient sur leur