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Alors, saisis d’effroi et réduits à s’abaisser aux artifices, les partisans de la Couronne, les membres du Centre, ne songèrent plus qu’à gagner par des avances flatteuses certains chefs du Centre Gauche ; et ils se résolurent à offrir la présidence de la Chambre à M. Passy, un des meneurs de la coalition. M. Thiers en est informé, il s’en indigne, convoque les membres du Centre Gauche chez M. Ganneron et là, combattant la candidature de M. Passy, il rappelle les engagements pris envers M. Odilon Barrot, et conjure ses amis de ne pas voter pour un candidat qu’ils tiendraient de la main du Centre. Le Centre Gauche, en effet, n’hésita pas à se prononcer pour M. Odilon Barrot ; si bien que, dans la séance, du 16 avril, M. Passy, porté pour la présidence de la Chambre, eut en sa faveur ses adversaires et contre lui ses amis. Les premiers l’emportèrent. M. Odilon Barrot n’obtint que 193 suffrages : son concurrent en réunit 223.

C’était pour M. Passy une étrange victoire ; mais, comme elle le rapprochait de la Cour, il fut chargé par le roi de la formation du Cabinet, celui qui existait n’étant que provisoire et ne se prenant pas lui-même au sérieux. M. Passy aussitôt se mit à l’œuvre. Interrogé par lui, M. Thiers se déclara prêt à accepter la présidence du maréchal Soult. Or, le maréchal, de son côté, ayant promis de faire partie avec M. Thiers de la combinaison proposée, la conclusion était déjà regardée comme certaine, lorsque tout-à-coup le maréchal fit savoir aux personnages chargés de la négociation que M. Thiers devait se résoudre à renoncer au ministère des affaires étran-