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n’aurait pas vaincu surtout, si le mot d’ordre adopté par elle n’eût répondu, dans la bourgeoisie, à un sentiment général et profond. Or, quel était ce mot d’ordre ? Haine au gouvernement personnel ! Pour résister à une attaque qui partait du sein même de la classe dominante, M. Molé et ses collègues n’avaient eu qu’un moyen, la corruption. Ils l’employèrent avec une sorte de frénésie, et elle ne put leur suffire. Ils tombèrent donc, laissant l’autorité compromise, les sources de l’élection empoisonnées, la Chambre en ébullition, la royauté découverte, la bourgeoisie enivrée à la fois et embarrassée de son triomphe : conséquences naturelles et inévitables de l’antagonisme du principe monarchique et du principe électif ! Car, s’unir contre de communs périls, et ensuite s’entre-déchirer, telle est la condition de deux pouvoirs rivaux mis en présence.