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vant une réforme aussi radicale la Chambre reculerait épouvantée. Et cette réserve de M. Laffitte était d’autant plus remarquable qu’il n’avait pas craint d’exposer dans le cours de la discussion des théories de la plus brillante audace, théories dont il n’est pas sans intérêt de présenter ici au lecteur un résumé rapide.

Lorsque la conversion des rentes fut soumise à la discussion, le capital de la dette publique en France ne s’élevait pas à moins de 2 milliards 800 mille francs. Quel moyen d’éteindre une dette aussi énorme ? Ajouter au budget un impôt de près de trois milliards ? Y songer, c’était folie. Maintenir l’amortissement ? L’expérience l’avait déjà condamné comme le plus ruineux des mensonges. Que faire donc ? Il fallait, suivant M. Laffitte, tendre constamment, et par une série de conversions au-dessous du pair, à réduire l’Intérêt de la dette publique, sauf à en considérer le capital comme une quantité imaginaire, dont il n’y avait pas lieu par conséquent de redouter l’augmentation indéfinie. Ainsi, M. Laffitte élevait dans le lointain, devant les yeux éblouis de la Chambre, des montagnes de milliards, et il lui criait de ne pas s’effrayer, que c’étaient là de fantastiques apparitions que, d’ailleurs, les progrès de la richesse publique avilissaient les capitaux en les multipliant que les perfectionnements dus au génie de l’homme influaient aussi sur la baisse de l’Intérêt, en rendant les chances de l’industrie moins incertaines que les mines fournissaient plus de métaux qu’on n’en consommait ; que le jour viendrait où la valeur de 100 francs serait représentée par 1 au lieu