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avec une profusion réfléchie, venaient d’annoncer l’ouverture du musée de Versailles. Dès 1832, le roi avait conçu le projet de léguer aux siècles à venir, racontées sur la toile, taillées dans le marbre et rassemblées dans de splendides galeries, les diverses époques de notre histoire. C’était là une noble, une belle idée, et le roi avait mis à la réaliser une ardeur digne des plus grands éloges. Or, l’heure était venue pour lui de jouir de son ouvrage. Le 10 juin, on vit se presser autour de ce palais de Versailles, réduit pendant si long-temps à la majesté de sa solitude et de son silence, des maréchaux, des membres de l’Institut, des ministres, des pairs de France, des députés, des artistes, des généraux, des poètes, foule étincelante et choisie. À dix heures du matin, les portes du palais s’ouvrirent, découvrant aux regards une immense série de tableaux, de portraits, de statues, l’histoire de France enfin écrite par les arts. Comment rendre l’effet d’un pareil spectacle ? Ici, la succession des grands amiraux et des connétables, depuis le maréchal Pierre jusqu’à Grouchy ; là, le siècle de Louis XIV, dans des salons que traversèrent tant de hardis capitaines, tant d’hommes de génie, tant de femmes au sourire invincible, salons dorés où le grand siècle semblait avoir laissé le reflet de ses guerres et le parfum de ses amours ; ailleurs, notre passé militaire depuis l’origine les batailles gagnées, les villes prises d’assaut, les rivières passées à la nage sous le feu de l’ennemi, les joutes chevaleresques, les victoires navales, tout ce qui fut accompli par l’épée entre Tolbiac et Wagram à côté, dans la salle de 92, la levée en masse