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qu’un jour je ne vinsse jeter à votre audience un nom de coupable… quand Morey serait mort ? »

La sensation ne fut pas moindre lorsque, dans sa plaidoirie en faveur de Pépin, Me Marie prononça ces vives paroles « Fieschi peut être satisfait de sa gloire. Comment donc ! mais on l’admire, mais on le caresse, mais on vous a parlé de l’intérêt qu’il a reconquis ! Oh, apparemment, vous voulez que sa marche à l’échafaud soit une marche triomphale ! J’espère, moi, que la morale publique protestera contre cette prétention. Votre crime, vous en subirez la peine ; et si votre nom passe à la postérité, il y passera exécrable ! »

On entendit encore pour Fieschi, Me Parquin et Chaix-d’Est-Ange ; pour Pépin, Me Dupin jeune ; pour Boireau, Me Paillet ; pour Bescher, Me Paul Fabre. Puis, Fieschi se leva et débita une espèce de discours dans lequel il insistait avec emphase sur la grandeur de son crime, sur l’immensité de son repentir, sur la postérité qui l’attendait, sur le courage avec lequel on le verrait mourir. Et toutefois, n’oubliant pas de qui sa grâce dépendait, il avait soin d’affirmer en terminant qu’il estimait Louis-Philippe à l’égal de Napoléon.

Le lendemain, 15 février (1836), la Cour prononça un arrêt qui acquittait Bescher, condamnait Fieschi à la peine du parricide, Pépin et Morey à la peine de mort, Boireau à vingt ans de détention[1]

  1. Il est à noter qu’avant la délibération décisive, M. Pasquier n’avait pas craint d’interroger Boireau sur un autre complot que celui pour lequel Boireau comparaissait en ce moment devant la cour des pairs. De sorte qu’on profitait de ta teneur que devait naturellement inspirer à un jeune homme le voisinage de l’échafaud pour lui arracher des révélations qui ne concernaient point le crime dont il s’agissait.