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l’Espagne le bénéfice d’un secours naval ; qu’on empêchât les vaisseaux russes ou hollandais de porter à don Carlos des munitions de guerre ; et qu’en un mot on coupât court au renouvellement du scandale qu’avait offert Bitbao secouru par la marine anglaise sous les yeux de nos braves marins, condamnés, eux, à rester à bord, humiliés et immobiles. Ce n’était pas trop exiger ; et il était assurément bien difficile que le roi jugeât de semblables mesures compromettantes pour le repos du monde. Mais l’Europe croyant, à tort ou à raison, qu’en France le principe de la paix était représenté par Louis-Philippe et le principe de la guerre par M. Thiers, quelques-uns ont pensé que, pour ne pas paraître vaincu par un de ses sujets, le roi avait besoin de garder tout-à-fait intacte la politique qui lui était propre et qu’il personnifiait aux yeux des souverains.

Quoi qu’il en soit, M. Thiers se retirant, M. Guizot est rappelé et, à son tour, il invoque l’appui de M. de Montalivet. Ce dernier étant de la part du roi l’objet d’une prédilection particulière, son alliance, pour les doctrinaires, était un danger mais une force. Aussi apprirent-ils avec satisfaction qu’il semblait se prêter de bonne grâce aux avances de M. Guizot, et qu’il s’était borné à demander vingt-quatre heures pour réfléchir. Le roi, de son côté, avait paru charmé de la combinaison. Et pourtant, M. de Montalivet nnit par déclarer qu’il ne pouvait accepter la présidence de M. Guizot. Les doctrinaires en conçurent un violent dépit ; et l’on assure qu’à ce sujet M. Duchâtel s’emporta jusqu’à