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la classe moyenne de France les premières clameurs de la démocratie espagnole et ses progrès orageux, il faisait entrevoir à la bourgeoisie française le châtiment possible de son apathie. Car enfin, les juntes espagnoles se formant de toutes parts en tumulte Toreno renversé par Mendizabal, Mendizabal par Isturiz ; l’Espagne constitutionnelle poussée violemment dans les bras du parti démocratique l’épée des démagogues frappant aux portes de St.-Ildefonse parce qu’on ne savait pas écraser les carlistes dans la Navarre ; en un mot, l’émeute dans les appartements de Christine, et la royauté d’Isabelle sur le point de manquer de place entre les séides enrégimentés du vieux despotisme et les partisans de la constitution de 1812 soulevés, furieux… tout cela n’accusait-il pas assez haut l’égoïsme des hommes d’État opposés à l’intervention, et la folie de leur prudence ?

C’étaient là des considérations pressantes : M. Molé leur opposa l’élasticité manifeste des termes dans lesquels le traité de la Quadruple-Alliance était conçu, les inconvénients d’une politique d’aventures, l’or et le sang de la France à mettre en réserve pour des intérêts français, la guerre à éviter là où dominait l’imprévu. Quelque autorité qu’eussent de tels arguments sur une assemblée depuis long-temps asservie à la peur, M. Molé aurait duRcilement triomphé de son adversaire, s’il n’avait pu l’opposer à lui-même. De fait, M. Thiers avait varié dans sa politique à l’égard de l’Espagne. Sous le charme des flatteries dont la diplomatie autrichienne l’avait enivré, il lui était arrivé de repous-