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d’affaires de l’émir. Abd-el-Kader alors ne garda plus de mesure. Il osa menacer, il essaya de déplacer des tribus qui n’étaient coupables que de fidélité envers la France. C’en était trop. Invoqué par les Douairs et les Smélas, le général Trézel engagea sa responsabilité généreusement et s’avança pour les couvrir. Nous touchions, non pas à une défaite, mais à un malheur.

Le 26 juin 1835, le général Trézel était arrivé à une dixaine de lieues d’Oran, lorsque soudain apparut, avantageusement postée, l’armée de l’émir, six fois plus nombreuse que l’armée française. Quelque inégal que fût le combat, le général français n’hésita point. Attaqués avec fougue, les Arabes plièrent, mais non sans résistance. On s’était ouvert un passage fallait-il continuer ce sanglant itinéraire ? À une lieue de là, prêt à recommencer la lutte, Abd-el-Kader était allé asseoir son camp ; la victoire venait de coûter cher aux Français, le colonel Oudinot avait été tué ; la foule armée accourue sous le drapeau de l’émir croissait d’heure en heure : la retraite fut résolue. Durant cette marche sinistre, que troublait incessamment l’apparition d’une multitude de cavaliers farouches, tourbillonnant autour de nous et avides de nos dépouilles, la contenance des troupes françaises fut admirable de sang-froid et d’intrépidité. Malheureusement, il fallut s’engager dans une voie étroite qui s’allongeait entre les marais qui bordent la Macta et des collines boisées. Or, c’était là qu’Abd-el-Kader attendait la colonne française. À peine entrée dans ce passage funeste, elle eut à supporter