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scandale. Pour qu’il pût envoyer de l’argent à sa maîtresse, faire largesse à ses gardiens, et ajouter, comme Pépin et Morey, quelques douceurs au régime de la prison, diverses sommes lui furent successivement données elles finirent par s’élever à près de quatre mille francs, et il se plaisait à en disposer d’une manière fastueuse. Que de fois ne s’entendit-il pas appeler monsieur et mon cher ! On s’informait de sa santé avec une sollicitude dont l’urbanité l’enchantait, on lui laissait deviner en quelle estime on tenait son intelligence. Et lui, il acceptait ces hommages comme une sorte d’amende honorable faite tardivement par la société à son génie long-temps méconnu ! Du fond de sa prison, il poursuivait les plus hauts personnages de lettres écrites dans un jargon à part, et où aux plus bizarres adulations se trouvaient cousus des lambeaux d’érudition grotesque. Un jour, il traça un parallèle entre Pépin l’épicier et Pépin-le-Bref ; un autre jour, il composa un long travail dans lequel il se comparait à Salvator Rosa. « Lorsque Talleyrand m’a entendu, disait-il, il s’est troublé, retrouvant dans mon organe celui de Napoléon, qu’il a trahi. » Si bien qu’un scélérat, le plus vil peut-être qui ait jamais existé, en était venu à tomber dans l’adoration de lui-même.[1]

  1. Nous avons sous les yeux plusieurs autographes de Fieschi ; et si nous transcrivons ici textuellement une lettre écrite par lui à M. le président Pasquier, c’est d’abord parce que cette lettre, si astucieuse et si burlesque, fait connaître parfaitement celui qui l’a écrite, et ensuite parce qu’elle indique avec quels égards on traitait ce misérable, qui devait naturellement se croire et se crut en effet tout permis :

    A Monsieur le président Pasquier.

    « Monsieur le Président,

    Pourège laisser glice en silence la triste nouvelle que j’ait apri quil m’a était sucgéré par Mosieur Zangiacomi, mon digne juge d’istruction.

    Vottre délégué au pré de moi depui long temps, et que même que l’istruction soit finie vous avait la bonté de le prier de venir aupré de moi pour qu’il puise vous doner de mé nouvelle ; Mosieur, conviens cet atention et grand de votre part, car je suis persuade que le mine, serons pour vous sadis’écente, je me porte à mervégle ?

    Mais le votre il sont ette pour moi désagréable ; Davoir appri que vottre santet et Emparfait, Monsieur le Président, conviens cet nouvelle ma plongé dans une profonde rêverie conviens il at attristé mon faible cœur. et jen fait point de difficulté, que vous puisse le croire, parce que vous este en même de juger les homme. Mais la circonstance si funeste pour moi et d’autre victimes que je regret plus que ma vie, qu’il a était la cause que vous avait eu à istruire en si gros couppable comme moi. Au reste vous savait que je nen suis pas flacteur, car tout flacteur est un traitre. et moi cet mon cœur qui parle avecque la plus grand sincérite sans réserve.

    Monsieur le Président Cet lettre elle et écrite san aucoun but aucoun sentiment de flaterie pour aspirer vottre prolection ni cel de persone, car ma conduite mérite le mépri de tous le monde

    Monsieur le Président

    « Empossible à moi de garder mon silence, sans que je puise vous dire voila l’homme, yottre aute sagesse sous tous le points et principalement pour nen me.tre jamais apperçue à vottre age que lé travaux législatif vous fus à charge.

    Que le gran nombre san plagnerait jusque à dire, c’est un fardeau plus pèsent que le Mont Etena que moi je conais tré bien. Pour moi je vous admire et que je vous ai bien éttudié dans mes entérogatoir.

    Car tout saison de la vie a ses eppine pour qui conque qu’il travaglerait, si sérieusement, depuis long temps pour la patrie, car un homme en négligent ses traveaux particuliers nen crain le reproche de persone.

    Mais celui qu’il est sincère à son pay néglige la famigle et ses affaire pour prouver la douce sadisfactions qu’il nen neglige riens pour lui éttre utile. Monsieur le président, l’homme devait sa gloire a sa patrie et non à lui-même. Le mellieurs arme de la viellesse sont le lettres et la vertu, cultivé dans le cours de sa vie.

    Elle produisent à la fin des fruit bien précieux non solement parce que elle-même sont pas abondante, pas dans l’arrière saison. cet qu’il est déjà beaucoup Mais encore parce que le témoignage d’un conscience pure Et le souvenir de plaisir action vertueus sont des grand sadisfaction pour L’homme.

    Monsieur le Président

    Quel sadisfaction de terminer une vie pure et tranquille par un vieglesse heureuse et douce. tel fut cele de Platon qu’il mourue à lage de quatre-vinct un ans ; tenant la plume a la main. Tel fut la fin de Isocrate que quatre vinct 14 ans composa son panathainaige, et qu’il vécut encore cinque ans ! «Son maitre Gorgias de Leonse vecque cent 7 ans sans abandonner ses occupation ordinaire;

    a repondit a quelqu’un

    Je vous voudrais vivre encore Ion temps parce que je nais pas de reproche à me faire.

    E bien Monsieur le Président

    Je madrece et je exorte au près de lettre suprême que vous pusie terminer une si belle carrière.

    La sadisfaction que j’ai prouve en voyant Monsieur Ziangiacomi mat empeche de dormir et je me suis leve pour vous écrire tres pressé une lettre de trois page.

    av

    à Vottre ser embre et obest s

    St FIESCHI. »