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siècles de fraternité, à nous qui avons accueilli avec enthousiasme votre glorieuse révolution, qui avons donné asile à vos proscrits, qui avons mêlé notre sang au vôtre dans les batailles. Et quel est notre crime ? D’avoir secoué le joug d’une faction qui mettait notre vieille indépendance républicaine aux pieds des monarques de l’Europe d’avoir déchiré le voile qui couvrait des menées infâmes ! Crime irrémissible, pour l’expiation du quel on nous appelle à un combat sacrilége ! Mais Dieu est juste ; il nous donnera le courage et la force, si l’on précipite vos soldats contre nous. Avec quelle douleur nous verserions leur sang ! Ah que du moins ils se rappellent, si la fortune leur livrait quelque point de notre territoire, que les hommes contre lesquels on les pousse sont leurs frères, et qu’ils doivent relever par leur humanité cette injuste et cruelle guerre. »

Mais, au milieu de ce vaste mouvement, le gouvernement de Berne ne montrait qu’indécision et frayeur. Le parti de la résistance n’y était guère représenté que par M. Stockmar. L’avoyer Tscharner voulait qu’on se soumît, et M. de Tavel qu’on eût recours à la médiation anglaise. Quelques voix s’élevèrent honteusement contre le préfet de Nidau, qui avait arrêté Conseil contre MM. Bille et Luft, qui, par ordre supérieur, avaient instruit contre l’espion. Enfin, pour comble d’humiliation, le Conseil d’État du canton de Vaud n’hésita pas à faire un procès au Nouvelliste vaudois sur la demande de l’ambassadeur français, et pour plaire à un gouvernement qui, non content de tenir la Suisse