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faisaient passer ; et nous avons exposé les causes qui portèrent M. Thiers à repousser ce système dans sa dépêche du 8 mars (1836).

Environ deux mois après l’envoi de cette dépêche, M. Mendizabal tomba victime de l’erreur qui lui avait fait croire conciliables le salut d’une révolution populaire et la consolidation d’une monarchie ; il tomba sous des intrigues de Cour, malgré l’appui de la Chambre des procuradorès, malgré les sympathies du peuple Et c’était M. Isturitz qui gouvernait l’Espagne quand M. Thiers essaya de renouer par l’intervention cette alliance anglaise qu’il avait lui-même rompue.

L’occasion semblait favorable. Gagné par Christine, M. Isturitz, en arrivant au pouvoir, s’était présenté sans scrupule comme adversaire de ses anciens amis et des principes soutenus par lui jusqu’alors, comme déserteur de la cause révolutionnaire, et enfin comme partisan de l’intervention. M. Thiers, en intervenant en Espagne, n’avait donc plus à craindre, ni de se heurter à un ministère hostile, ni d’aller prêter main-forte aux idées démocratiques.

La légion étrangère, composée de trois mille soldats, avait été formée et destinée à secourir la Péninsule M. Thiers résolut de porter cette légion à douze mille hommes, et de protéger ainsi Christine d’une manière plus efficace. Il fallait pour cela faire entrer dans la légion étrangère des soldats d’élite, et la placer sous le commandement d’un chef plein de nerf et d’audace. M. Thiers jeta les yeux sur M. Bugeaud, dont il appréciait au plus haut point les qualités militaires, et sur le dévouement duquel