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Ainsi, le principe inhumain de la concurrence portait ses fruits Ainsi, sous le gouvernement imbécile du laissez-faire et du laissez-passer, la guerre commençait entre le maître et l’ouvrier, guerre petite à son origine, mais d’une portée sublime et formidable ; car elle devait avoir pour résultat final de compléter les victoires de l’Évangile, par l’abolition du prolétariat, seconde forme de l’esclavage.

Cette portée des coalitions, les ministres avaient la vue trop courte pour l’apercevoir. Dans les symptômes d’une prochaine révolte du monde, dans les premiers tressaillements d’une race proclamée libre et pourtant asservie, leur ignorance ne vit que quelques tentatives factieuses, et un vaste système d’arrestations s’organisa.

Une association républicaine s’était formée pour la défense de la liberté individuelle et de la liberté de la presse ; et cette association comprenait divers comités[1]. Le comité d’enquête fut chargé de recueillir tous les faits relatifs aux arrestations ; et ces faits furent exposés, dans un rapport aussi poignant qu’énergique, par M. Pagnerre, l’un des secrétaires du comité d’enquête. Le rapport reçut une publicité considérable, souleva une polémique ardente… Mais on dissipa les réunions d’ouvriers par la force ; on contint les mécontents par la menace. De

  1. Ces comités se composaient de MM. Lafayette, Garnier Pagès, Cormenin, Voyer d’Argenson, Joly, Audry de Puyraveau, Cabet, députés ; A. Carrel A. Marrast, Guinard J. Bernard, Pagnerre Dupent, Marie, Boussi, Rittiez, Audriat, Boissaye, Conseil, Desjardins. G. Cavaignac, Marchais, Fenet, E. Arago.