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approches de la nuit, les troupes se trouvaient refoulées sur la place des Terreaux, et l’autorité n’occupait plus à Lyon qu’un seul point où on la cernait de toutes parts, l’Hôtel-de-Ville. Dans cette extrémité, le comte Roguet, le préfet et les représentants de la municipalité lyonnaise tinrent conseil. La retraite fut décidée. Il était minuit. On entendait encore le mugissement de la ville soulevée, et sur divers points les corps-de-garde et les pavillons de l’octroi auxquels on avait mis le feu pendant le combat, achevaient de brûler dans les ténèbres. On rédigea la déclaration suivante :

« Aujourd’hui, vingt-deux novembre mil huit cent trente-un, à minuit,

Les autorités soussignées étant réunies à l’Hôtel-de-Ville ; présents le lieutenant-général comte Roguet, commandant supérieur des 7e et 19e divisions militaires ; de Fleury, maréchal-de-camp du génie ; vicomte de Saint-Geniès, maréchal-de-camp, commandant le département du Rhône Bouvier-Dumolard conseiller d’état, préfet du Rhône ; Duplan, procureur-général près la cour royale ; de Boisset, premier adjoint, faisant fonctions de maire ; Gros, adjoint de la mairie ; Gautier, conseiller municipal, faisant fonctions d’adjoint ;

Considérant qu’après deux jours de combats opiniâtres, dans lesquels trop de sang français a malheureusement coulé, la troupe de ligne a été refoulée sur l’Hôtel-de-Ville où elle est cernée par une multitude immense en armes que cette troupe, fatiguée, ayant éprouvé des pertes considérables, dépourvue de munitions et de vivres qu’il est devenu impossible de lui procurer, paraît disposée, d’après la déclaration de ses chefs, à ne pas continuer une inutile résistance ; que plusieurs postes importants même ont passé dans les rangs des assaillants ;

Que la garde nationale, forte de quinze mille hommes, n’en présente plus que cent sous les armes ; que, dans cette position