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décidé que l’article 23 de la Charte serait revisé, la pairie, à dater de ce moment, s’était donc trouvée en quelque sorte suspendue ! Mais alors, par quelle bizarre inconséquence avait-on souffert qu’elle continuât à siéger ? Pourquoi son concours si souvent invoqué comme indispensable ? N’avait-on soumis à ses délibérations et à son vote, pendant quinze mois, tous les projets de loi présentés, que par manière de plaisanterie ? La chambre des députés n’avait donc pas à exercer le pouvoir constituant.

Or, si, d’un autre côté, elle ne se considérait que comme chambre législative, d’où vient qu’elle avait osé, en 1830, ce qu’elle n’osait pas en 1831 ? Elle avait créé arbitrairement un roi, et elle se reconnaissait impuissante à refaire arbitrairement une pairie ! L’excuse de la nécessité, alléguée pour justifier le couronnement de Louis-Philippe, n’était pas même une excuse suffisante ; car si, le lendemain d’une révolution, les circonstances autorisent l’établissement d’un pouvoir provisoire, elles ne sauraient autoriser celui d’un pouvoir définitif, et le droit de la nation reste, quand le péril est passé.

Le choix n’était donc possible qu’entre deux partis également dangereux et mauvais. On convint que la pairie serait appelée à prononcer elle-même sur son sort. Mais que faire, si, se refusant à un suicide manifeste, elle votait pour le maintien de l’hérédité ? Comment contenir, dans cette hypothèse, tant de passions prêtes à se déchaîner ? Du conflit des deux chambres qu’allait-on voir sortir ? une révolution, peut-être ! Étourdis par les clameurs qui, de toutes parts, s’élevaient autour d’eux, effrayés,