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traire à la dignité humaine toute politique d’expédients, susceptible d’ailleurs et irritable.

Différer, pourtant, était périlleux. M. de Rémusat eut mission d’aller trouver M. de Broglie à sa maison de campagne, et de lui proposer un portefeuille, avec M. Thiers pour collègue.

M. de Broglie hésita d’abord, et finit par déclarer qu’il n’entrerait dans le cabinet qu’à la condition d’y être suivi par M. Guizot. En vain lui fit-on observer que M. Guizot avait soulevé contre lui l’opinion publique ; que, dans la situation des esprits, les services de cet homme seraient funestes à la monarchie ; que c’étaient ainsi qu’en jugeaient les députés les plus dévoués au trône, et, par exemple, MM. Jacques Lefevre, Fulchiron, Jacqueminot ; que, s’il convenait quelquefois de se mettre au-dessus des clameurs de la presse, au moins se devait-on de ménager les répugnances du parlement. M. de Broglie se montra inébranlable. 11 fallut subir ses conditions. Et le 11 octobre, le moniteur publiait la fameuse ordonnance qui appelait : aux affaires étrangères, M. de Broglie ; à l’intérieur, M. Thiers ; à l’instruction publique, M. Guizot ; aux finances, M. Humann. Le maréchal Soult garda le portefeuille de la guerre avec le titre de président du conseil, et M. Barthe fut ministre de la justice.

Voilà comment fut formé ce ministère du 11 octobre, qui devait continuer le combat terrible engagé par Casimir Périer, et dont l’existence ne fut qu’une longue tempête.

A ne considérer que l’importance personnelle ou le talent de ceux qui le composaient, le ministère