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à la Fétellière, près de Rémouillé, les chefs dont le concours lui était nécessaire. La réunion eut lieu le 24 septembre 1831. Quatorze chefs composaient cette assemblée, et elle avait invité à ses délibérations la comtesse Auguste de La Rochejacquelein. La discussion fut longue et animée. M. de Charette fit d’abord connaître l’ordre qu’il avait reçu de Massa, ordre conçu en termes contradictoires ou, du moins, controversables ; car, d’une part, il n’appelait la Vendée à prendre les armes qu’en cas de succès dans le Midi, de république proclamée ou d’invasion étrangère ; et, de l’autre, il laissait les officiers généraux juges de l’opportunité du soulèvement. M. de Charette aurait désiré que la Vendée n’attendît point, pour lever l’étendard de la guerre, les succès de Madame dans le Midi. Il opina pour que le mouvement eût lieu simultanément dans le Midi et dans l’Ouest. C’était aussi l’avis de la comtesse Auguste de La Rochejacquelein, et elle s’en expliqua avec cette éloquence de sentiment particulière aux femmes. Mais ce fut l’opinion la moins audacieuse qui prévalut une majorité de neuf contre cinq décida que l’Ouest ne se déclarerait qu’après la soumission des provinces méridionales, à moins que la France ne fut envahie ou que Paris ne proclamât la république.

Mais, pendant que la noblesse débattait ainsi les moyens de ramener l’ancien régime, la bourgeoisie se préparait à compléter sa victoire par l’abolition de la pairie héréditaire et la proscription légale de la race des Bourbons aînés.

La situation était critique. Les forces qui devaient