Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/276

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la portière se ferma, et les chevaux prirent la route de Florence, sans que le postillon se fût douté de rien, et pendant que la princesse, se glissant le long du mur, se hâtait vers le lieu de l’embarquement. A onze heures du soir, la duchesse de Berri et ses compagnons se trouvaient tous réunis sur la plage. Le major des troupes, qu’il avait fallu mettre dans la confidence ainsi que le chef de la police, fit apporter un fanal et recommanda le plus grand silence, car tout était perdu si l’on eût réveillé les soldats et les douaniers qui dormaient dans les environs.

On attendait, pour s’y embarquer, le Carlo-Alberto, petit bateau à vapeur acheté en 1831 pour le compte de Marie-Caroline, et que devait conduire près de Massa, au jour et à l’heure convenus, M. Adolphe Sala, ancien officier de la garde. Il y avait deux mois à peine que ce même navire avait transporté de Livourne à Gènes les membres fugitifs du gouvernement révolutionnaire de Bologne. L’attente fut longue et inquiète. Enfin, une faible lumière brilla au loin, c’était le Carlo-Alberto qui approchait. Les matelots avaient cru faire route pour l’Espagne, et le capitaine genois fut très-surpris, lorsque M. Sala le prévint qu’il fallait se rapprocher de la côte, près de Massa, pour embarquer des passagers en retard. Il s’y refusa d’abord, n’osant braver la rigueur des lois sanitaires ; mais il avait à bord des jeunes gens déterminés, dont il dut subir la loi. Ce fut un vif sujet de joie pour les compagnons de Marie-Caroline que la présence du bâtiment désiré. On réveilla la princesse qui s’était endormie sur le sable, enveloppée dans son manteau ;