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les ressources de la duchesse de Berri, il se montra moins réservé, promit l’appui moral qu’on lui demandait, et s’ouvrit librement de ses griefs contre Louis-Philippe, ajoutant qu’il avait les mains liées par la timidité du cabinet de Berlin, non moins que par les oscillations de l’Autriche.

Telles étaient, par rapport au parti légitimiste, les dispositions des monarchies absolutistes du continent. On risquait de les irriter en agissant en dehors de leur influence ; on risquait, en subissant cette influence, de déshonorer la cause de Henri V. Funeste alternative qui, pour la mère du prétendant, se compliquait, à l’intérieur, de mille obstacles et de mille dangers. Le dénouement de la conspiration de la rue des Prouvaires avait, en effet, découragé les royalistes et compromis quelques-uns d’entre eux. Le rôle joué dans cette affaire par un homme attaché au maréchal Bourmont, était devenu la source des plus fâcheux malentendus et avait profondément offensé le duc de Bellune. M. de Chateaubriand avait demandé, sans pouvoir l’obtenir d’une manière précise, l’autorisation de se rendre auprès de Madame en Italie, où il savait qu’on pouvait lui garder rancune de certaines phrases contenues dans ses derniers écrits, de celle, par exemple, où il déclarait qu’il irait combattre l’étranger, dût l’étranger ramener Henri V dans ses bras. De leur côté, les comités royalistes de Paris ne négligeaient rien pour entraver le mouvement ; le Midi était incertain ; les rapports concernant l’état de la Vendée étaient contradictoires, et annonçaient parmi les divers chefs de corps des opinions