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chesse de Berri aborderait la France ? Cette question fut bien vite résolue. Les royalistes que la Vendée avait envoyés à Holy-Rood, n’y avaient apporté qu’un dévouement calme et réservé ; les envoyés du Midi, au contraire, se prononçaient avec une ardeur passionnée : il fut conséquemment décidé que la duchesse, irait, d’abord, s’établir en Italie, pour y combiner en sûreté toutes ses mesures ; et la ville de Marseille fut choisie d’avance comme point de débarquement.

Marie-Caroline partit donc, se dirigeant vers la Hollande ; le Rhin la conduisit jusqu’à Mayence, et elle gagna Gènes, après avoir traversé le Tyrol et Milan. Elle voyageait sous le nom de comtesse de Sagana. L’hospitalité que lui accorda le roi de Sardaigne, Charles Albert, fut timide, prudente, telle enfin que la prescrivaient les exigences de la politique. Il feignit d’être trompé par l’incognito de la princesse, et attendit, pour la prier de quitter ses états, les plaintes du Palais-Royal, averti par le consul français. Mais il adoucit ce que cette injonction avait de blessant, par de secrètes prévenances et les plus vifs témoignages de sympathie. Il fit mieux encore ; et, pour aider à la réalisation d’une entreprise dont tous ses vœux appelaient le succès, bien qu’il n’osât pas l’avouer, il mit à la disposition de la duchesse un million qu’il dut emprunter à un seigneur de sa cour, sous prétexte de payer des dettes de jeunesse.

La duchesse de Berri se rendit, de Gènes, dans les états du duc de Modène, qui la reçut avec beaucoup de grâce, et lui offrit pour résidence son pa-