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compromettre ses complices et peu occupé de ses propres périls[1].

Un événement extérieur, aussi grave qu’inattendu, vint faire diversion à ces querelles intestines. On a vu dans le volume qui précède, comment l’Autriche, au mépris de nos déclarations, avait envahi l’Italie, et comment la Romagne était retombée sous le joug de la cour de Rome. La douleur des Italiens s’était d’abord renfermée dans un morne silence. Mais la révolte était dans les cœurs, et le premier cri de guerre parti de Bologne, pouvait replonger la diplomatie dans les embarras d’où elle n’était sortie qu’avec tant de peine. Pour assurer la tranquillité dans les états du pape, les grandes Puissances comprirent qu’il était indispensable de céder, dans une certaine mesure, aux justes désirs des populations.

Rien de plus triste, en effet, que la situation de l’Italie centrale à cette époque ; une théocratie non soutenue par la foi et réduite à s’imposer par la force ; l’autorité aux mains de prélats ignorants, corrompus, et ne se croyant pas même tenus à ce genre d’hypocrisie qui est la pudeur du vice nulle stabilité dans les lois ; le trésor public en quelque sorte au pillage ; les impôts changés ou accrus selon le caprice du souverain ; les honneurs refusés à la science ; le génie industriel privé d’excitations et d’aliment ; nul respect pour la liberté de l’esprit, pour la dignité de l’homme ; pas de vie publique, en un mot.

Dans cet état de choses, les cinq grandes Puissances, sur l’invitation de la France et de l’Autriche,

  1. Voir aux pièces justificatives, n° 1.