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sés, soit par suite du contre-ordre reçu, soit par impatience, défiance et fatigue. Comme les conjurés avaient surpris le mot d’ordre et avaient fait savoir à la police qu’ils se proposaient de lancer dans Paris de fausses patrouilles, l’intervention de la garde nationale était redoutée : on se contenta d’envoyer sur quatre points des gardes municipaux et des sergents de ville. Mais les rassemblements se dissipèrent à leur approche, sans tenter une lutte que les contre-ordres, les malentendus et les défections avaient rendue impossible.

Les voitures qui, cette nuit-là, se croisèrent dans Paris en grand nombre, furent toutes visitées par ordre de la police, dont les agents arrêtèrent non seulement les hommes qu’ils surprirent armés de pistolets ou d’épées, mais encore des citoyens qui regagnaient leur demeure après quelque innocente partie de plaisir, et des jeunes gens sortant du bal et chaussés en danseurs. Confondus avec les coupables, les innocents furent traînés au dépôt de la préfecture, au milieu des injures, des coups, et à travers une nuée d’espions animés de cette colère basse, propre aux passions que ne règle point l’intelligence.

Paris, à son réveil, fut fort étonné d’apprendre les événements de la nuit. Ils n’avaient pas été annoncés par ces rumeurs sourdes qui, d’ordinaire, préparent les esprits aux faits dont on garde le souvenir. Aussi tous les partis s’accordèrent-ils à considérer la conspiration de la rue des Prouvaires comme une tentative folle. Les républicains en prirent occasion de railler les illusions d’une aristocratie