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Lemaire, qui, à la veille de la révolution de 1830, avait si hardiment invité le duc d’Orléans à ramasser la couronne, M. Cauchois-Lemaire condamna en termes éloquents le système sur lequel on cherchait à faire reposer la dynastie nouvelle presque tous les journaux applaudirent ; le Journal des Débats lui-même se prononça, quoique timidement, contre une jurisprudence si généralement réprouvée. L’humiliation de Casimir Périer était au comble : il fit saisir le National et des poursuites furent aussi dirigées contre deux journaux qui s’étaient énergiquement associés à sa déclaration : le Mouvement, rédigé par M. Achille Roche, et la Révolution de 1830, rédigée par MM. Charles Reybaud et Antony Thouret. C’était oser trop peu mais les ministres savaient bien qu’Armand Carrel était homme à recevoir, ses pistolets sur sa table, tout agent d’un système violateur des lois : ils ne relevèrent pas le gant que leur avait jeté un des plus fiers représentants de l’opinion républicaine.

À ces luttes qui remplirent les premiers mois de l’année 1832, se mêlèrent des tentatives étranges et des complots. Le 4 janvier, vers cinq heures du soir, on entendit tout-à-coup le tintement du bourdon de Notre-Dame. Le gardien des tours n’en avait donné l’entrée qu’à un fort petit nombre de personnes qui s’étaient présentées deux à deux. Inquiet, il s’élance dans l’escalier ; mais à peine a-t-il franchi vingt marches, au-dessus de la première galerie, qu’une clameur retentit, suivie aussitôt d’un coup de pistolet. Le gardien redescend avec la précipitation de la frayeur, pour prévenir l’au-