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une caisse, enrôler les réfugiés, les envoyer aux Pyrénées, c’est à cela que s’employa l’activité du comité espagnol.

Bientôt la protection du gouvernement lui fut assurée. Seul, parmi les ministres, le général Sébastiani se montrait opposé à une intervention, même indirecte. M. Dupont étant allé le trouver pour l’inviter à s’associer aux efforts du comité, il répondit que le premier devoir du gouvernement français était d’éviter un conflit européen ; que la nouvelle royauté ne pouvait, sans se compromettre, assister les révolutionnaires espagnols ; que, pour son compte, il était bien décidé à combattre, dans le conseil, toute mesure ayant pour objet d’encourager leurs démarches ; que, comme homme, néanmoins, mais en cette qualité seulement, il ne refusait point de venir en aide à des infortunes qui le touchaient. « Mais, alors, s’écria M. Dupont, entre vous et nous, c’est la guerre, Monsieur. — Eh bien, c’est la guerre, reprit froidement le ministre. »

M. Guizot manifesta des sentiments bien opposés. Il répondit à M. Louis Viardot réclamant, au nom des réfugiés, l’appui du ministère : « Dites à ceux qui vous envoient que la France a commis un crime politique en 1823 ; qu’elle doit à l’Espagne une éclatante réparation, et que cette réparation sera donnée. »

Mais le comité sentait bien de quel poids serait dans la balance du succès l’adhésion personnelle du roi. Une audience lui fut donc demandée par MM. Dupont, Marchais et Loëve-Weimar. Au jour fixé, ces messieurs se présentèrent au Palais-Royal, où