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près aussi hostile, parce que ses intérêts diplomatiques étaient différents. Le cabinet de Vienne n’était pas, comme celui de St.-Pétersbourg, intéressé à la destruction de l’Angleterre. Il importait peu à l’Autriche que le roi de France eût le cœur anglais, pourvu qu’il se montrât disposé à enchaîner l’esprit révolutionnaire, et à préserver de tout ébranlement le système européen, inauguré en 1815. Louis-Philippe promettait tout cela. Son avènement devait donc être salué avec joie par les souverains qui, en 1815, s’étaient partagé les dépouilles de la France, en s’appropriant les peuples secondaires, bétail humain, distribué selon la loi de leurs caprices. Sous ce rapport, la Russie elle-même devait naturellement applaudir à l’avènement de Louis-Philippe ; et c’est ce qu’elle eût fait, si ses vues sur Constantinople ne lui eussent créé dans la question un motif particulier de dépit et de haine.

M. de Metternich, d’ailleurs, faisait consister sa politique à éviter toute grande secousse. Amoureux du repos par égoïsme, il l’était aussi par incapacité. Ceux-là seuls affrontent les orages, qui se sentent la force de les maîtriser. M, de Metternich voulait jouir sans trouble d’une réputation facilement usurpée, et dont la moindre complication eût mis à nu le mensonge. Il ne se borna pas à recevoir d’une manière encourageante les assurances données par Louis-Philippe il pressa vivement le roi de Prusse de ne point faire attendre son adhésion ; et en effet, ce fut par Berlin qu’arriva la reconnaissance de l’Autriche : celle de la Prusse y était jointe.

Le roi des Pays-Bas n’avait pas hésité à reconnaître