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marques de soumission. Car, à la première nouvelle de la révolution de juillet, il s’était mis en mesure de faire la guerre à la France. Il envoya le feld-maréchal Diébitsch à Berlin, pour y décider le roi de Prusse à une alliance offensive ; il donna l’ordre aux troupes russes de se tenir prêtes pour une campagne prochaine il fit écrire au prince de Lubecki, ministre des finances en Pologne, qu’il eût à rechercher sans délai tous les fonds nécessaires pour la mobilisation de l’armée.

Le prince de Lubecki répondit que la Pologne possédait huit millions de florins dans son trésor, et un million d’écus à Berlin ; qu’elle était prête par conséquent à entreprendre les préparatifs de guerre voulus par les circonstances[1].

D’un autre côté, le grand duc Constantin engagea le consul de France en Pologne, à prêter serment à Louis-Philippe. Ce consul était dévoué à la branche aînée des Bourbons ; et le cabinet de St.-Pétersbourg craignait de le voir remplacé par un agent des idées qui venaient de triompher à Paris.

Voilà dans quelles dispositions la lettre précitée trouva l’empereur de Russie. Elle flatta son orgueil sans fléchir son ressentiment, il ne se donna pas même la peine de dissimuler ses dédains ; et l’envoyé du Palais-Royal fut accueilli par le chef d’un peuple encore à demi barbare, avec une hauteur dont le gouvernement de la restauration lui-même n’aurait pas souffert l’injure.

L’attitude de l’Autriche ne fut pas à beaucoup

  1. Documents tirés du portefeuille du grand-duc Constantin, et produits par Lafayette à la séance du 22 mars 1831.