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inquiète au sujet des papiers du prince ; mais elle donnait à son inquiétude un noble motif, en exprimant le désir de trouver au bas de quelque lettre d’adieu le nom de l’homme qui l’avait tant aimée.

Mais il semblait étrange à tous les serviteurs du duc de Bourbon que, sur le point d’accomplir un dessein si funeste, il n’eût laissé aucune indication écrite de son désespoir, aucun souvenir de ses heures suprêmes, aucune marque d’affection pour ceux dont il s’était plu toujours à reconnaître et à récompenser le zèle. C’était là une sorte de suicide moral non moins inexpliquable que tout le reste. Une découverte inattendue vint mettre le comble à tant d’incertitudes.

Vers le soir du 27, M. Guillaume, secrétaire du roi, aperçut, en passant devant la cheminée de la chambre mortuaire, des fragments de papier qui brillaient sur le fond noir du foyer. Il s’approche, et sur ces fragments, que soutenaient des cendres de papiers brûlés, il lit ces mots roi... Vincenne... infortuné fils... M. le procureur-général Bernard étant arrivé le lendemain à St.-Leu, on lui remit ces fragments, avec d’autres que le valet de chambre Lecomte avait recueillis. « La vérité est là, » s’écria aussitôt le procureur-général ; et, à l’aide des personnes présentes, il réunit ces fragments de manière à recomposer les deux écrits que voici :

Saint-Leu appartient au roi xxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxx
Philippe xxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxx
ne pillés, ni ne brûlés xxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxx
le château ni le village xxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxx