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me demander, et dont la reconnaissance d’une mère vous est un sûr garant. »

Il dût en coûter beaucoup à une femme aussi pieuse que la duchesse d’Orléans, d’associer au succès de sollicitations équivoques ses espérances maternelles. Elle y consentit, pourtant ; mais la dignité de son caractère se retrouvait dans cette autre phrase de sa lettre : « Nous avons cru devoir nous abstenir de toute démarche qui pourrait avoir l’apparence de provoquer un choix ou de vouloir le prévenir. »

Il paraît que cette réserve fut considérée par le duc d’Orléans comme un scrupule dont il était permis de s’affranchir. Le 2 mai 1829, apprenant de Madame de Feuchères que, dans une lettre pressante et passionnée, elle avait proposé à son amant l’adoption du duc d’Aumale, il n’hésita pas à s’adresser lui-même directement au duc de Bourbon. Il lui faisait connaître en termes pleins de convenance et de mesure, combien il était touché de la démarche de Madame de Feuchères, et combien il serait fier de voir porter par un de ses enfants le nom glorieux des Condés.

À ce coup inattendu, le duc de Bourbon tomba dans une anxiété profonde. Quoiqu’il eut toujours apporté dans ses relations avec la famille d’Orléans une politesse exquise, qui même en certaines occasions avait emprunté à l’amitié quelques-unes de ses formules, il fréquentait le moins possible le duc d’Orléans, recevait avec hésitation ses rares visites, et ne lui écrivait guère que pour s’entendre avec lui sur les puérilités, du cérémonial, puérilités aux-