Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/50

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Douée d’esprit, de grâce et de beauté, insinuante à la fois et impérieuse, tendre et altière tour-à-tour, Madame de Feuchères avait obtenu de son ascendant sur le duc de Bourbon, le don testamentaire des domaines de St.-Leu et de Boissy, en 1824, et, en 1825, diverses sommes s’élevant au chiffre d’un million. Elle désira plus encore. Au revenu de Boissy et de St.-Leu, dont on lui avait abandonné la jouissance anticipée, il fallut bientôt ajouter celui de la forêt d’Enghien ; et cela même ne devait pas épuiser les désirs de la baronne. Mais une inquiétude secrète la poursuivait sans doute dans l’exercice de son pouvoir souverain. Elle avait à craindre que la mort de son bienfaiteur ne la laissât exposée aux attaques des héritiers du prince, dépouillés pour elle, aux procès que la captation provoque, aux clameurs de l’opinion, peut-être. Situation délicate qui a fait croire aux ennemis de Madame de Feuchères qu’en faisant adopter le duc d’Aumale par le duc de Bourbon elle n’avait eu en vue que de se ménager le patronage d’une maison puissante !

Ce qui est certain, c’est qu’en 1827, et en réponse à une lettre où la baronne faisait l’offre de ses services, la duchesse d’Orléans lui écrivait : « Je suis bien sensible, Madame, à ce que vous me dites de votre sollicitude d’amener ce résultat que vous envisagez comme devant remplir les vœux de M. le duc de Bourbon ; et croyez que, si j’ai le bonheur que mon fils devienne son fils adoptif, vous trouverez en nous dans tous les temps et dans toutes les circonstances, pour vous et pour tous les vôtres, cet appui que vous voulez bien