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ment avait eu raison de sacrifier tout au désir de l’éviter.

L’émeute continuait à gronder dans Paris, et la polémique, dans les journaux, prenait un ton d’aigreur extraordinaire. En annonçant à la chambre, dans la séance du 16 septembre, que Varsovie était au pouvoir des Russes, M. Sébastiani s’était servi de cette expression malheureuse : l’ordre règne à Varsovie ; dans la séance du 19, il lui était échappé de dire que 1815 ne revivrait pas, si la France était sage : ces mots volèrent bientôt de bouche en bouche, commentés par la haine. D’un autre côté, tout concourait à augmenter la fatigue et l’irritation des troupes, forcées, depuis plusieurs jours, de bivouaquer sur les places. Deux députés, MM. Audry de Puyraveau et Laboissière, ne purent, au sortir d’une séance, franchir la ligne des soldats répandus autour du Palais-Bourbon et, même après avoir fait connaître leur qualité, ils se virent en butte à des menaces grossières. Il était difficile que la chambre ne ressentît pas le contre-coup de ces animosités. « M. Mauguin veut une émeute ! » avaient dit les partisans du ministère ; et lui, avec son audace accoutumée, il avait renvoyé cette accusation au Pouvoir. Les deux partis manquaient de preuves positives, et s’exposaient avec une égale témérité au danger d’être injustes ; mais les grandes passions se contentent des apparences. Le 21 septembre, Casimir Périer se montre tout à coup à la tribune. Il cherche des yeux dans la salle M. Mauguin qu’il voudrait accabler de sa colère, et ne l’apercevant point, il se plaint de son absence. Il engage le combat, pour-